Dans la douce torpeur du delta
Apres une trentaine d'heures de train, nous debarquons a Saigon sous une chaleur torride. Nos velos n'arrivent que le lendemain par le train cargo mais de toute facon, face a la masse compacte des scooters, il nous parait plus prudent de rester a pied. Saigon est un gigantesque capharnaum ou se juxtaposent un centre ville moderne avec ses boutiques de luxe, un quartier routard rempli de guesthouses et de backpackers biere a la main, un quartier chinois aux milles pagodes, quelques parcs a l'ombre rafraichissante, le tout saupoudre de batiments de l'epoque coloniale.
Apres 2 jours dans cette metropole bruyante et surchauffee, nous sommes contents de reprendre nos velos pour silloner le delta du Mekong.
Pendant une semaine, nous roulons plus de 500 km en passant par Mytho, Ben Tre, Tra Vinh ou encore Cantho. Nous prenons un malin plaisir a nous perdre dans les meandres du Mekong. Guides a la boussole, nous suivons de minuscules chemins de traverse qui n'apparaissent pas sur nos cartes.
La chaleur oppressante engourdit les corps et asseche les gosiers. Nous sombrons dans l'abus de jus de canne a sucre et devenons accrocs a la coco. Quand on s'arrete, difficile de resister a l'appel des hamacs, sport regional du delta. Une douce torpeur nous envahit. Dans nos tetes defilent des images de rizieres vert fluo, de bougainvilliers en fleurs, de sourires, de bananiers luxuriants, de bateaux multicolores...On entend les rires des enfants et des femmes. Non loin un jeune homme bichonne ses coqs de combat et les repose delicatement sous leur cage d'osier. Sur l'arroyo voisin un pecheur releve ses nasses. Avec peine, nous nous extirpons de notre cocon, direction le prochain hamac quelques kilometres plus loin.
Nous mangeons divinement bien. Le matin nous partons chasser la baguette (au pate ou a l'omelette), suivie d'un cafe au stand d'a cote. Le cafe vietnamien est, pour nous, le meilleur du monde ! On boit des smoothies a l'ananas, au corossol ou a l'avocat. A Mytho, nous faisons une orgie de fruits de mer : huitres chaudes sauce tamarin, palourdes a la citronelle, coquilles saint-jacques grillees saupoudrees de cacahuetes, chipirons sauce piment... Un jour a midi, une famille nous invite a dejeuner. Loic herite de la tete du canard, un honneur destine au chef. Cinq fois on nous ressert du Hu Thieu, la soupe de riz locale. Au dessert, glaces maison aux haricots, un vrai delice ! Nous serions bien incapables de retrouver cette maison accueillante, perdue sur le bord d'un canal a 10 km de la route principale...
L'eau est partout. Des bateaux charges a en couler sillonnent les canaux. Souvent pour traverser les bras de riviere, nous embarquons sur des bacs, ils sont parfois si petits que nos velos logent a peine. Les voitures ou les camions ne peuvent pas acceder aux hameaux recules, c'est par l'eau que sont achemines les marchandises, les habitants et meme les convois mortuaires.
Au fil des chemins et des bacs, nous nous dirigeons doucement vers Rach Gia, ville cotiere ouvrant sur le golfe de Thailande. Nous sommes le 22 decembre et Noel promet d'etre chaud...