Sur les pas de Michel Strogoff
Contrairement a Napoleon qui n'a pas reussi a aller plus loin que Moscou il y a exactement 200 ans, (commemoration fetee comme il se doit par les Russes), nous avons reussi a sauter dans le train pour Nijni Novgorod. Petite mise en jambes de 6 heures au rythme du tagadatagada et arrivee nocturne sous des trombes d'eau... On se refugie dans un petit resto cosy, decoration 19eme avec portraits des ancetres aux murs, au menu truite et brochet arroses de kvas.
Balade le lendemain dans la ville, dont le schema urbanistique est typiquement post-sovietique : des batiments anciens preserves autour du Kremlin, flanques de cubes de beton hypertrophies (avec marbrures, colonnades et statue de Lenine sur l'esplanade) construits pendant l'epoque glorieuse de l'URSS, tandis qu'en peripherie s'etendent des barres d'immeubles defraichis des annees 50/60. A premiere vue on se croit dans un film en noir et blanc, seules les eglises orthodoxes bariolees tranchent sur le fond gris.
Dans la rue pietonne, des pianos comme tombes du ciel resonnent au rythme des melodies jouees par de petits prodiges. On est samedi et l'ambiance est familiale.
Depuis l'epoque de Michel Strogoff, la ligne de train a ete prolongee vers l'Est, ce qui nous epargne les radeaux sur la Volga et les perilleuses chevauchees dans la toundra au milieu des betes sauvages et des barbares des steppes.
Voici l'heure de notre premiere nuit en train. D'emblee, nous sympathisons avec notre voisin Boris, dont le regard hagard et l'haleine parfumee a la vodka laissent peu de doute quand a son etat d'ebriete. Boris tente de nous apprendre un jeu de cartes russe, nous n'y comprenons rien mais on s'amuse beaucoup !
Arrivee a Kazan, en plein pays Tatar, le lendemain matin a l'aube. Nous errons a la recherche d'un cafe ouvert et finissons piteusement au Mac Donald, faute d'alternative. Kazan est une ville cosmopolite peuplee pour moitie de musulmans descendant de tribus nomades d'origne turque. Une mosquee version conte des mille et une nuits trone au beau milieu du Kremlin.
Nous avons l'impression que Kazan vient d'etre bombardee ou mise a sac par un disciple de Genghis Khan. La ville entiere semble en reconstruction et les rues sont eventrees, mais il ne s'agit que d'une mise en beaute pour les Universales 2013 (plus que 300 jours, ils risquent d'etre en retard...).
Nous tenons cantine dans un petit restaurant tatar a la decoration desuete qui ne desemplit pas. Le menu etant en russe et sans photo, nous prenons exemple sur ce que mangent nos voisins et c'est tres bon ! Au fur et a mesure on se constitue un petit lexique gastronomique (borch, salyenka, pejmeni...).
Il ne fait pas chaud et Claire hesite a s'acheter au marche une echarpe en laine angora tricotee par une babouchka. Nous esperions un ete indien mais c'est l'automne siberien qui s'annonce : pluie, vent et temperature en baisse.
Apres 2 jours a Kazan, il est deja temps de reprendre le train, direction l'est, kanyechna !
